NOS PARENTS RACONTENT
Aset et Nina, deux jeunes femmes artistes, sont en couple et s’interrogent ensemble sur leur identité afropéenne. Elles partent à la rencontre de Sophie et Zéphirin, leur parent respectif, afin de les interroger sur des sujets considérés comme tabou dans la communauté noire. Aset est née au Congo, elle n’a pas grandi avec Zéphirin, son père. Nina, d’origine ivoirienne, est née en France, sa m're Sophie l’a élevée seule. Toutes deux ressentent, chacune à sa manière, la pression de la communauté. Elles tentent ainsi de se défaire de la pression du groupe familial, en affirmant leur individualité et leur choix de vie, afin de tisser des liens pour refaire famille autrement.
Nous sommes toutes les deux artistes.
Aset Malanda est jeune auteure et peintre. Nina Mélo est comédienne et scénariste. Nous sommes toutes les deux afro-descendantes. Aset vient du Congo et Nina de la Côte d’Ivoire. Nous sommes en couple et nous partageons les m-mes idéaux.
Il y a trois ans, dans un bistrot parisien, nous échangions au sujet de nos parents. Nous les avons beaucoup critiqués, leur reprochant d’être trop absents, Aset souffrant d’avoir été abandonnée par Zéphirin et Nina souffrant du rejet de Sophie lié à son orientation sexuelle. Nous ne nous étions pas interrogées sur tout ce qui a participé à créer les individus qu’ils sont. Nous nous sommes rendues compte que nous ne les connaissions pas. Nous avons alors décidé de réaliser un film ensemble pour interroger leur parcours et la relation que nous avons à eux et à nos familles+
Nos histoires intimes ont été toutes les deux impactées par l’histoire coloniale et par la géopolitique actuelle. Une interrogation sur notre identité passe par le fait de se tourner vers nos parents et interroger notre lien avec l’Afrique.
Aset : « J’écris sur moi, qui je suis. Africaine ? C’est quoi, être africaine ? Et l’identité sexuelle, le genre ? ».
Aset est arrivée en France à l’âge de quatorze ans. Elle connaît les bienfaits de la famille élargie et de la communauté africaine : le soutien en cas de coup dur. Elle a toujours considéré ses tantes et oncles comme ses parents, ses cousins, cousines comme ses frères et sœurs, ses voisins comme sa famille. Cela renforce chez elle le sentiment d’appartenance à une communauté sur qui elle peut compter, a priori. Mais le groupe prime avant tout. Ce film interroge la notion de solidarité africaine.
Nina est née en France et a été élevée par sa mère. Pourtant, elle assume souvent le rôle de mère pour sa petite sœur et son petit frère et participe à la prise en charge de ceux qui sont en Côte d’Ivoire.
Paradoxalement, bien qu’adultes et bien qu’endossant des responsabilités familiales importantes, nous restons des « enfants » aux yeux de nos parents et d’autres anciens de leur famille. Nous devons constamment intégrer les membres de notre famille dans nos réussites. Le groupe est omniprésent, nous avons du mal à exister en tant qu’individu. Nous ressentons le besoin d’affirmer davantage notre individualité.
L’existence de notre couple, au sein de nos deux familles, nous obliger nous définir et nous affirmer, tout en nous efforçant de retisser le lien. Même si elle est vécue différemment d’un pays à l’autre, l’homosexualité est un tabou dans la communauté africaine. Cela nous a amené à faire des choix et ! nous inventer. Ce film est une façon de se tourner vers nos parents et de construire des rapports familiaux. En cheminant, nous nous sommes rendues compte que c’est de nous,
afro-descendantes, que nous voulions parler. Le récit part de nous, nous amène vers eux et ouvre sur la grande Histoire, qui fait écho.
Grâce au cinéma, nous avons trouvé une manière d’articuler le portrait croisé de notre couple et l'écoute de qui sont nos parents, leurs trajectoires. Des parents ! la fois présents et absents. Ce film permet de créer une réflexion autour de l’identité et c’est forcément en rapport avec la filiation. Le film sera aussi un outil pour créer du lien et de refaire famille l! où le lien était fragile ou empêché.